Aller mieux et même se libérer grâce à la thérapie

J’ai reçu récemment le courriel suivant, typique et très pertinent. Il contient l’essentiel de l’interrogation légitime de tout aspirant au mieux-être grâce à la thérapie. À savoir, l’efficacité dans le temps d’une thérapie, le nombre de séances nécessaires et, plus spécifiquement, l’éventuelle résistance à l’hypnose.

Voici le contenu de ce courriel :
Je viens vers vous car je souffre de phobie sociale et je voulais savoir si l’on pouvait s’en libérer entièrement ?
En combien de séances est-ce possible à peu près ?
Une fois libéré, est-ce durable, pour toujours ?
Et est-il possible d’être résistant à l’hypnose (ne pas pouvoir entrer dans un état modifié de conscience) ?

Éléments de réponse :…

La relation avec son thérapeute au cœur du processus de guérison

« Guérir » de quoi que ce soit dépend de facteurs multiples.
« Guérir », ici, ne signifiant pas qu’on est malade au sens médical, mais étant à prendre au sens large de « se rétablir » d’un dysfonctionnement générateur d’un malaise ou d’un mal-être plus ou moins perturbant. C’est-à-dire : aller mieux et retrouver un équilibre plus satisfaisant.
En thérapie, dans le cas d’une phobie par exemple, le résultat dépendra pour beaucoup de la relation qui se construira entre vous et le thérapeute. Cette relation, et ce qu’il se passera en séances, pourra vous permettre de trouver en vous les ressources nécessaires au processus libérateur.
Bien sûr, la compétence, l’expérience, les qualités humaines etc. du thérapeute sont déterminantes pour établir une relation féconde dans une thérapie.
Mais, en définitive, il s’agira toujours de VOTRE thérapie.

Votre ressenti intime pourra vous guider dans les choix d’une spécialité thérapeutique – hypnose, « thérapie cognitive comportementale » ou autre – et surtout d’un(e) thérapeute.
N’hésitez donc pas à en rencontrer plusieurs jusqu’à tomber sur celui qui deviendra « VOTRE » thérapeute, le temps de la thérapie.

Le symptôme : une adaptation… devenue inadaptée

Concernant une « phobie sociale », oui, il est possible de s’en libérer entièrement.
En effet, une phobie peut être considérée comme une « solution » – insatisfaisante, évidemment ! – à ce qu’une partie de soi se représente comme un problème. Par exemple :  j’ai peur de monter en avion POUR me protéger d’un éventuel accident aérien – en fait, il s’agit plutôt d’échapper au stress généré par la perspective de
C’est la seule solution qu’à un moment donné notre psychisme a pu imaginer pour pallier un manque ou répondre à un besoin.
Le besoin est important, même si cette « seule solution trouvée » a des conséquences indésirables.
En outre, il ne s’agit que d’une solution provisoire qui correspond à une situation passée mais dont la mise en œuvre s’est prolongée ; une réponse juste, à un certain niveau, à une question qui souvent n’est plus d’actualité.
La thérapie permet de réaliser une sorte de mise à jour dans votre histoire personnelle : le problème est passé et il existe aujourd’hui d’autres moyens plus adéquats pour satisfaire, de façon plus épanouissante, le besoin d’origine… si tant est que ce besoin soit encore valable.

Une thérapie réussie est durable, par définition

Une fois libéré(e), c’est durable dans la mesure où ce qui agissait inconsciemment et provoquait le symptôme (une phobie, par exemple) est « désamorcé ». Soit parce que la raison sera devenue consciente et/ou susceptible d’être traitée avec vos ressources, soit parce que l’actualisation de votre histoire aura rendu obsolète le « problème » et/ou la « solution »…
J’appelle « ressources » tout ce qui vous permet d’agir, de vous adapter et d’être vous-même dans des contextes variés. Il s’agit donc de vos capacités intellectuelles (comprendre, analyser, déduire…), émotionnelles (sensibilité, créativité, empathie, affectivité…), environnementales (relation avec collègues, voisins, amis, famille…), mais aussi vos compétences, qualités, souvenirs, expériences, enthousiasme etc. Bref, tout ce qui vous apporte de l’énergie et des idées, fait naître en vous des projets ou de la sagesse.

Combien de séances
pour se « débarrasser d’une phobie » ?

Il est impossible de prédire en combien de séances ce sera possible… pour vous.
Généralement, il ne faut pas espérer être débarrassé d’une phobie avant une dizaine voire une vingtaine de séances. C’est possible, mais rare.
Néanmoins, quel que soit le thérapeute que vous rencontrerez, il vous faudra beaucoup moins de temps pour vous rendre compte si vous vous sentez prêt à vous faire accompagner par celui-là ou si vous préférez chercher plus loin celui que vous déciderez de faire vôtre.
Ayez à l’esprit que si vous n’avez pas encore trouvé un thérapeute avec qui vous aurez réussi (ou allez réussir) à guérir – c’est bien vous qui guérissez, un thérapeute n’est pas un « guérisseur » !- ça ne signifie pas que votre cas soit désespéré, mais bien que vous n’avez pas encore découvert celui en qui avoir la confiance nécessaire à votre processus de guérison et/ou que le thérapeute n’aura pas été suffisamment compétent avec vous sur ce cas précis.

L’important est le résultat : une thérapie « réussie » – réussie car elle vous aide à changer, à aller mieux.

Thérapie ou hypnose ?

Concernant l’hypnose…
L’hypnose n’est pas une Panacée. C’est un outil, utile ou non.
Ce n’est pas non plus une thérapie en tant que telle.
Si elle est utilisée systématiquement pour une thérapie, on dit que cette thérapie est une hypnothérapie : on (se) soigne avec de l’hypnose.

Les sujets résistants à l’hypnose existent, mais sont très rares, surtout avec l’hypnose ericksonienne qui est respectueuse de la personne et de ce que la tradition thérapeutique qualifie parfois de « résistance ». Elle tient compte de votre rythme et de ce qui est important pour vous.

Résistance à l'hypnose ?
Résistance à l’hypnose ?

L’hypnose est en fait de l’auto-hypnose. L’hypnotiseur n’étant qu’un guide qui vous facilite l’accès à cet état de conscience particulier et tout à fait naturel.
En outre, que le client ne soit pas doué pour l’hypnose n’est aucunement dommageable pour sa thérapie. De fait, c’est le consultant qui est plus ou moins doué… et qui le deviendra davantage si son « professeur en hypnose » est efficace. Or, plus on s’entraîne, meilleur on devient.

Ce qui compte c’est d’aller mieux, avec ou sans hypnose.