(page provenant du site www.psychobiotherapie.com – mai 2010)
Le fantôme est toujours un traumatisme concernant le sexe ou la mort.
Un traumatisme qui se transmet aux générations suivantes
sous forme de secret de famille.[ Didier Dumas ]
Ce schéma représente notre système familial. Il est issu du génogramme – arbre généalogique schématique créé dans les années 70 par Gregory Bateson de l’école de Palo Alto.
Il a pu bénéficier des recherches du Dr. Jacob Levy Moreno – psychiatre et psychologue américain d’origine roumaine, créateur notamment du psychodrame.
Cette schématisation, utile également en thérapie (systémique) familiale, a été complétée par la psychosociologue française Anne Ancelin Schützenberger.
Cette dernière a mis en évidence, notamment, le syndrome d’anniversaire et ajoute au génogramme des informations sociales : liens avec la société (extérieur) et avec les les membres du « clan » (intérieur : famille, voire entreprise etc.).
On obtient alors le génosociogramme qui est utilisé parfois en psycho-bio-thérapie pour retrouver l’origine ou l’influence d’un événement familial dans une problématique actuelle.
Conventions possibles pour le génosociogramme
Selon les utilisateurs, les façons d’indiquer les informations sur le schéma du sytème familial sont variables. Toutefois, on retrouve bon an mal an et grosso modo des constantes. Le plus important est d’être clair, cohérent et d’accord sur la symbolisation et les diverses significations.
Il peut y avoir d’autres conventions : carré pour les hommes au lieu du triangle, couleurs particulières pour la qualité des liens etc.
Dans cet arbre peuvent apparaître éventuellement des éléments ne faisant pas partie à proprement parler de la famille : amis, voisins, animaux familiers (!)… (notion de « clan élargi »).
Il peut être utilisé comme un dessin guérisseur qui pourra évoluer au fil des séances. Dans ce cas, ce seront plutôt les relations intra ou inter-familiales qui seront explorées.
À côté des symboles de personnes, s’ajoute le rang de fratrie (découverte de Marc Fréchet, psychologue clinicien français) qui correspond au nombre de grossesses pour la mère – une fausse couche ou une IVG, compte pour un frère/une sœur ; des jumeaux auront les 2 rangs ; en cas d’enfants nés de plusieurs unions, il y a cumul des rangs multiples (par ex. 1 et 2 si l’enfant est l’aîné de la mère et le second enfant du père).
On ajoutera les dates de naissance (éventuellement de conception, soit -9 mois en cas de grossesse « à terme »), de décès s’il y a lieu. Ces dates permettant de repérer les liens signalés par des concordances de dates – cf. le syndrome du gisant de S. Sellam.
Peuvent être utiles également les dates d’événements marquants (maladie grave, faillite, départ à la guerre…). Elles peuvent mettre en évidence, entre autres, les syndromes d’anniversaire (ex. les femmes d’une même lignée qui ont un cancer du sein au même âge ; ou un drame vécu par un parent au même âge…) ainsi que les « répétitions automatique des prédictions ».
Indiquer également tous les prénoms – ceux non usités seront mis entre parenthèses (« parents taisent » !).
Informations portées sur le génosociogramme
Dans cet arbre généalogique, sur au moins 4 ou 5 générations, apparaîtront des liens transgénérationnels entre les différents membres du système familial.
Y apparaissent des répétitions ou correspondances sur :
– les prénoms (surtout ceux non usités quand il y en a eu plusieurs),
– la position dans la fratrie,
– les alliances et les ruptures (« trahisons », liens fusionnels, séparations…),
– les métiers et hobbies,
– les symptômes (maladie, comportement, crises professionnelle, financière ou psychologique…),
– les situations relationnelles (affectives, sociales…).
Pour mettre en évidence :
- loyautés ou fidélités familiales,
- enfants-symptômes ou de remplacement,
- coloration affective de liens (conflit, fusion, alliance etc.)
Toute information, même et surtout subjective (anecdote, souvenir, impression fugace etc.), qui vient à l’esprit de la personne en consultation enrichit le génosociogramme et lui apporte toute sa pertinence.
Il s’agit d’un outil de transformation davantage que d’un modèle de rigueur historique !
Le fantôme et sa crypte – le sexe, la mort et le secret de famille
Selon Didier Dumas*, les fantômes** ou secrets de famille qui hantent nos arbres généalogiques ont généralement à voir avec deux thèmes : le sexe (enfants « illégitimes », inceste, adultère…) et/ou la mort (mort inacceptable, deuil non fait, culpabilité à propos d’une mort…). Des forces qui ont un pouvoir considérable sur nous, jusqu’au plus profond de nos cellules car elles touchent aux principes archaïques de la vie et aux conditions de survie du clan.
Biologiquement l’espèce est plus importante que l’individu – notion toute récente en regard des milliards d’années de l’Evolution. Or, sa survie dépend davantage de la place tenue par chaque membre du clan que des « caprices » personnels de tel ou tel de ses membres. On comprend bien pourquoi, si à un moment de son histoire, la pérennité ou la mise en danger d’une famille s’est révélée due à un comportement ou un événement particulier, l’adaptation de cette famille se fixe en référence à ce passé… tant que le choix n’est pas rendu possible par une mise en conscience.
* Didier Dumas, décédé en février 2010, était psychanalyste. Formé notamment auprès de Jacques Lacan et Françoise Dolto, il est le fondateur de la psychanalyse transgénérationnelle et s’est intéressé à l’acupuncture, la psychiatrie tibétaine, l’alchimie sexuelle taoïste et le chamanisme amérindien. (Lire les entretiens parus dans Nouvelles Clés : ici).
** notion de crypte (cf. Nicolas Abraham et Maria Török, L’Écorce et le noyau, éd. Poche, 1999)
Tout n’est pas dans l’arbre
Néanmoins, tout n’est pas dans l’arbre. Et si tel aspect de notre vie semble fortement sous l’influence de notre héritage familial, il est prudent de se rappeler que notre histoire individuelle et notre personnalité ont des rôles encore plus déterminants.
En effet, par exemple, si l’on considère pour des jumeaux qui n’ont pas le même destin, leur héritage génétique et fantasmatique parental (cf. notion de projet-sens), on voit que l’essentiel se joue dans cette existence personnelle-ci.
Même si le travail transgénérationnel peut, dans certains cas, aider à nous soigner, notre libre arbitre reste primordial. Evitons d’accuser notre passé, ou celui de nos ascendants – quand ce n’est pas nos ascendants eux-mêmes ! Cela ne peut que favoriser la « guérison », ne serait-ce qu’en reconnaissant notre responsabilité. Accuser équivaut souvent à une fuite ou une paresse. Il sera préférable de se focaliser sur ce qui se passe pour nous, en nous, à présent, quitte à faire l’économie d’une recherche psychogénéalogique.
Le travail sur ce que nous sommes maintenant avec peurs, croyances limitantes, relations avec l’environnement etc. sera toujours nécessaire. Car la difficulté nous est proposée dans le contexte actuel et non exclusivement chez des ancêtres ou dans d’éventuelles vies antérieures. Même si travailler (dans) le présent n’interdit pas de trouver des indices utiles dans un passé d’avant notre venue au monde.
Une procédure par étapes
Il peut être intéressant d’établir son génosociogramme une première fois, la main levée, sur une grande feuille, selon l’inspiration et la mémoire – mémoire qui peut avoir des « trous » aussi significatifs que nos réminiscences !
L’utilisation thérapeutique préconise d’ailleurs cette approche qui privilégie ce que nous croyons – des croyances qui conditionnent nos réactions et comportements…
Puis, de refaire ce travail, sur une autre feuille, en complétant et en précisant les informations à partir de la généalogie vérifiée, l’histoire réelle (et non plus imaginée) et les témoignages recueillis. La première version donnant une vision fantasmatique ou mythologique de ce que l’on croit – Tiens, j’ai toujours cru que Tonton/ Tata/ etc. était comme ceci ou avait fait cela… Pourquoi cela ?
Dans certains cas, réitérer l’exercice plusieurs fois pourra mettre en lumière notre progression voire soigner petit à petit notre relation à notre système familial.
Utilisation du génosociogramme en psycho-bio-thérapie
Le génosociogramme peut être ou non utilisé dans le cadre de la psycho-bio-thérapie. Notamment, lorsqu’il semble qu’un choc en lien avec la situation problématique pour laquelle on consulte peut remonter à une époque d’avant notre naissance.
D’autres outils transgénérationnels (projet-sens etc.) ou intergénérationnels (constellations familiales, positions perceptuelles etc.) pourront intervenir aussi dans une optique complémentaire.
En outre, il peut s’avérer bénéfique d’approfondir cette approche en s’inspirant des travaux de Marc Fréchet (Cycles Biologiques Cellulaires Mémorisés et Âge d’autonomie) qui s’appuient sur l’aspect cyclique de notre fonctionnement, tant biologique que mémoriel.