Mémoire cellulaire d’adaptation et symptôme

(page provenant du site www.psychobiotherapie.com – juin 2010)

Le décodage biologique adopte un point de vue inhabituel face à la maladie. En se plaçant sciemment du côté de ce que l’on qualifie communément de mal (le mal-a-dit), il devient possible de comprendre de l’intérieur ce qu’apporte le symptôme. Le présupposé est que l’intention sous-jacente est bienveillante – ne dit-on pas que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?
Changer d’attitude vis-à-vis de ce qui nous arrive, nous donne à voir la motivation profonde, sous les apparences – l’effet maladif. Une motivation qui, au-delà de notre dysfonctionnement, par la voix de nos cellules, nous parle de vie.


L’homme est une mémoire qui agit.

[ Henri Laborit ]

Pourquoi parler de « décodage biologique des maladies », de « décodage cellulaire » ou de « bio-décodage » ?

Ces différentes appellations évoquent une réalité qui dépasse l’expression pour la désigner. Il s’agit surtout de comprendre qu’il se passe quelque chose dans la cellule dont le fonctionnement ne correspond plus à la norme. Il n’est pas pour autant question d’erreur ou de dérèglement, d’un n’importe quoi. Un événement qui a été vécu comme dramatique, disons un stress, provoque une réaction. Cette réaction, dans certains cas extrêmes, est la maladie.

Du point de vue du « décodage », on envisage ce dysfonctionnement comme une adaptation à une situation perçue comme déstabilisante. C’est pourquoi on parlera, à propos de la « maladie », d’une solution d’adaptation biologique ; biologique, qu’on pourra traduire littéralement : qui suit la logique de la vie.
La personne atteinte par cette « solution » pourra, a priori, ­n’y voir qu’un mal à éradiquer. Eh oui, c’est désagréable, incapacitant, fatigant etc. C’est qu’il n’est question que de solution transitoire, destinée à faire gagner du temps. La résolution du problème est reléguée à plus tard. Si cette option épargne le cerveau – le stress excessif étant le plus grand danger -, elle coûte cher à l’organisme ; un compromis, même s’il fait un bon parapluie, reste un mauvais toit.

L’intelligence cellulaire

Certes, la maladie est pour le moins indisposante avec parfois un pronostic inquiétant. Car, la cellule qui « décide » de modifier son mode de fonctionnement ne connaît pas la personne qui souffre de ce changement.

Oui, nous sommes fiers de notre néo-cortex… tout récent en regard de nos 3,7 milliards d’années d’évolution et dont l’activité a permis les voyages spatiaux, le Prix Nobel et le marketing téléphonique… entre autres. Et nous voici, homo sapiens sapiens, nous amusant avec ce nouveau jouet au pouvoir merveilleux, jusqu’à oublier que la majeure partie de notre fonctionnement est biologique et inconscient. Heureusement, notre système nerveux autonome assure l’intendance, avec une efficacité à même de laisser songeur le plus pointu des biologistes !

Nos chercheurs poussent toujours plus loin l’investigation dans le secret bien gardé de nos cellules. Pour découvrir, qu’elles choisissent leur destin (cellules souches…), sont équipées de leurs propres centrales énergétiques – les mitochondries qui seraient les vestiges très actifs d’antiques bactéries, selon la théorie endosymbiotique

En effet, parmi les dizaines de milliers de milliards de cellules qui peuplent et composent le corps humain, chacune possède une certaine autonomie, une authentique intelligence, donc un pouvoir d’adaptation, et la capacité d’influer sur sa destinée particulière de concert avec le reste de l’organisme, dont elle possède tout le code, tout le possible, au cœur de l’ADN de son noyau. Elle joue sa propre partition consciencieusement – avec conscience ! – en accord avec ses voisines et sous la direction du chef d’orchestre, le cerveau. Elle reçoit nourriture, instructions et informations sous forme chimique (hormones, glucose, oxygène…), électro-chimique (influx nerveux), mécanique (tension, pression…) etc.
De tous ces apports, chaque cellule « sait » quoi faire.

Et quand le système nerveux central, le cerveau est menacé de surcharge et lui passe la main, elle doit se débrouiller avec les moyens du bords, lesquels sont archaïques, basiques, biologiques. Ce n’est qu’une cellule, après tout !

Les besoins archaïques – plus le pot est vieux, meilleure est la soupe ?

Imaginons un animal livré à lui-même dans la nature que d’aucuns qualifieraient d’hostile, alors qu’elle n’est que… naturelle ! Donc, dans la chaîne alimentaire, notre bestiole se situe entre sa proie – une touffe de tendres trèfles, par exemple – et son prédateur – un félin aux dents aiguës, au hasard.

Quelles sont les légitimes autant que naturelles préoccupations de notre innocent herbivore ?
Se nourrir, se protéger, se défendre, délimiter son territoire, tenir sa place dans le troupeau, se reproduire, assurer la protection de la progéniture etc.

Les besoins de la cellule sont de même nature (!), en plus simple ; l’organisation sociale, par exemple, se réduit à des modalités d’échange inter-cellulaire. De plus, selon son origine embryonnaire, son rôle au sein de tel tissu ou tel organe, ses spécificités orienteront aussi ses « préoccupations ». Elle est missionnée pour une tâche définie.

Du premier organisme unicellulaire dans le marécage primitif de la Vie, jusqu’au mammifère hominien du XXIème siècle, les choses se sont justes complexifiées, afin de répondre de façon adaptée aux exigences nouvelles, induites par une organisation de plus en plus élaborée de l’espèce.

Les expériences tentées par l’entité unicellulaire, au petit bonheur, durant des millions d’années, ont été validées par la survie des individus qui les ont employées. C’est bon, parce que ça permet de survivre, de satisfaire aux besoins.
Peu à peu, pour l’espèce en évolution (les survivants, étant ceux qui adoptaient cette habitude de comportement), ces stratégies biologiques gagnantes se sont imposées, imprégnées et transmises aux générations suivantes pour constituer l’héritage génétique, le capital biologique, à partir duquel sont apparues les innombrables inventions de la Vie ; on essaie du nouveau en capitalisant sur ce qui ce qui s’est révélé bénéfique.

Le cerveau passe le relais aux cellules – notion de conflit biologique

Unicellulaires, multicellulaires… Une nouvelle organisation nécessite de nouveaux essais, de nouvelles stratégies.
Mais, si le néo-cortex conçoit des niveaux d’abstraction inouïs, la cellule de base, elle, reste très terre à terre, quant à ses besoins et ses modes de fonctionnement.

L’agression du rayonnement solaire est un conflit biologique dont la solution automatique « normale » sera une augmentation de la production de mélanine qui foncera la peau par le bronzage. Dans cet exemple banal et courant le cerveau n’est pas soumis à un stress qui le dépasse. Notre inconscient biologique agit en « pilotage automatique ».

 

Certains stress peuvent, cependant, dépasser ce que notre cerveau peut gérer. Que cela soit en intensité et/ou en durée. Cela mobilise alors, une part de plus en plus importante de notre attention (il faut trouver une solution pour diminuer le stress) et de notre énergie (le cerveau consomme une grande partie de l’oxygène et du glucose absorbés). Les processus biologiques sont délaissés, des plus subalternes aux plus vitaux, à mesure que persiste le danger : je suis obnubilé, je ne dors plus, je n’ai plus d’appétit
Alors, se produit un refoulement, afin de diminuer l’intensité du stress et retrouver un fonctionnement normal. Le cerveau traduit le conflit en « langage cellulaire » pour passer le relais aux subalternes.

Pour la cellule, un conflit est toujours biologique

« Je suis licencié » peut amener un conflit psychologique : « Quel danger cela représente-t-il pour moi ? Quel comportement adopter ? Que vont dire mes proches ? Comment vais-je subvenir à mes besoins ?… » Le stress associé peut être éprouvant, intolérable.
Pour la cellule, cela n’a aucun sens, aucune valeur. Ça ne lui parle pas. Elle n’est programmée pour réagir qu’à un conflit biologique.
Que fait un patron quand il se trouve débordé par une tâche qui le dépasse ? Il délègue, afin de se consacrer à des tâches plus urgentes pour la bonne marche de l’organisation dont il a la charge !
En se déchargeant du problème – conflit à l’origine du stress resté sans solution – le boss, le cerveau, choisit la cellule la plus (bio)logiquement adéquate, en fonction sa « familiarité » au danger.
Les solutions disponibles se réduisent aux vieilles recettes qui ont fait leur preuve depuis des lustres. Ressortent, alors, les réactions d’adaptation archaïques, biologiques… cellulaires. Une réaction est une action qui a auparavant été couronnée de succès, une re-action.
Le but visé est le retour à la normale, à l’état neutre – normotonie, homéostasie. Aussi, la réponse sera proportionnelle à l’intensité du ressenti.

Stress, conflit biologique et ressenti émotionnel

D’une part, la vie naturelle éprouvée sur des éons est soumise à un tas d’aléas pouvant amener des stress d’intensités variables, les conflits biologiques : agression, manque de nourriture, menace d’extinction de l’espèce etc. Pour faire face aux aléas habituels, nos cellules sont dotées d’un arsenal très fourni de recettes qui se mettent en œuvre constamment selon les circonstances, sans intervention consciente. Et à cas exceptionnel, solution exceptionnelle…

D’autre part, à l’époque moderne toute récente, notre fonctionnement conscient dépend, en fait, de la représentation que nous avons de notre existence dans ce que nous percevons de notre environnement, avec ce que cela suppose de pensées, fantasmes, croyances, valeurs, interprétations etc. Au point que notre imagination nous fasse prendre l’illusion pour la réalité – un coup de téléphone m’apprend que mon enfant unique a eu un accident et je perds mon identité, ma valeur (…) parce que mon rôle de mère était ma seule raison de vivre. Choc… Le temps s’arrête ! L’appel provenait peut-être d’une erreur. Et pourtant, il s’est imaginé en moi que

Notre cerveau, bien que produisant du psychique, de l’abstrait, du virtuel, fonctionne biologiquement. Le trait d’union entre ces deux niveaux apparemment différents pourrait être le ressenti, de nature émotionnelle, dont la syntaxe correspond à et avec la cellule. Le terrain d’entente entre ces deux aspects indissociables de notre être se situerait dans l’inconscient, qui pour sa plus grande part est naturellement biologique.

 

Bref…

… En quelques milliards d’années écoulées, une situation complexe d’aujourd’hui – difficulté psychologique, par exemple – peut redevenir par traduction cellulaire, c’est-à-dire codage biologique, un conflit biologique archaïque auquel l’intelligence de mon corps, de mes cellules, va obligeamment apporter une réponse adaptative, un symptôme.

Le symptôme – étymologiquement : « qui tombe avec », « qui coïncide » – traduit l’état pathologique, qu’il nous propose de décrypter.